Mon but n'est pas seulement de vous distraire.


L'autre jour, dans l'appart de mon amoureux, j'suis tombée sur un bouquin : Danser sur les ruines, une jeunesse tchétchène de Milana Terloeva. Je me suis comme décomposée. Il y a un peu moins de dix ans ma famille et moi avons hebergé comme quelques autres familles de Villeneuve, des jeunes danseurs tchétchènes. Agés de 7 à 17 ans, ils débarquaient de Grozny, capitale de la Tchétchènie, petit pays du Caucase. J'ai alors été frappée d'une part en apprenant la guerre qui s'y passait là bas. J'avais environ 12 ans, Tchétchènie connais pas. Zalima et Elisa ne parlaient ni anglais ni français et nous encore moins le tchétchène ou le russe. Mais on a parlé. De leur Grozny, Paris du Caucase. Grozny si belle avant les bombardements. On a parlé de la solidarité, de leur culture qui ne meurt pas. On a parlé de leurs rêves, des notres. De leurs envies, de leur enfance. On a parlé de musique, de cinéma. On a parlé de mode, de cuisine, de nos cultures. Et puis on a parlé de leur danse.


Daymohk, ça veut dire terre de nos ancêtres, paradis. C'est le nom de leur troupe, dirigée par Ramzan. Il y a des garçons, des filles, des petits, des grands. De la grâce, de la force, des pieds qui frottent le sol, des sauts, des bras qui ondulent, des tambours, du rythme, de la fierté, de l'amour. Je n'ai jamais vu autant de force et de courage. Dans "Danse avec les ruines" le documentaire de Mylène Sauloy, Magomed danse sur des gravas, au dessus de sa tête un mur risque de s'écrouler à tout moment avec ce trou de roquette. La culture de meurt pas sous les bombes. Une fleur va repousser.


Et là je tombe sur ce bouquin. Tout de suite, c'est l'envie de savoir si le livre parle de mes amis. Non. Mais Milana raconte son enfance, sa vie. Sous les ruines. Deux guerres. Elle raconte ce qu'elle a vu, entendu, ce qu'on lui a raconté, ce qu'elle a vécu. Son père, sa grand-mère, son école, ses amis. Sa mère. Son village. Sa culture. Elle raconte aussi les exactions, les opérations de néttoyage, l'hypocrisie de l'extérieur, le massacre du 23 février 1944, la montée au pouvoir des wahhabites, Poutine.. Elle raconte aussi la solidarité, la résistance, les caves, Etudes sans frontière, Paris.. Le peuple tchétchène qui ne meurt pas sous les bombes.



En lisant ce livre je me suis rappelée. J'ai appris et compris certaines choses. J'ai envie de ne pas oublier. Il faut ouvrir les yeux, écouter ce qui se passe autour.

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